Cirque en milieu scolaire

L’éducation artistique : une mission d’éducation populaire et un enjeu pour l’éducation nationale

une mission d'éducation populaire

La culture humaniste, cinquième pilier du socle des enseignements fondamentaux de l’Éducation nationale, vise à côté des enseignements proprement dits, la formation du goût et de la sensibilité, la construction de valeurs passant par des actions éducatives centrées sur des secteurs d’activité qui favorisent l’approche concrète: les arts, la culture, le sport – qui sont autant de composantes de l’éducation. Porteurs de la culture circassienne, nous contribuons fortement à cet engagement éducatif, à travers nos actions, à condition qu’elles soient réfléchies et menées conjointement. Le geste est la première manifestation de la pensée. La seconde ? L’intention du geste. En mettant nos compétences, notre connaissance du milieu circassien, nos infrastructures, notre réseau à disposition de l’Éducation nationale, nous collaborons à cette approche de l’éducation artistique :
• En proposant une expérience corporelle qui sensibilisera à l’oeuvre, qui posera la question du sens du geste, du rapport à l’espace et à l’autre, au sensible, de la présentation publique de son propre travail ;
• En situant un art dans son histoire ;
• En faisant découvrir des univers artistiques singuliers et l’exercice de la critique (discerner, discriminer, choisir, analyser, forger sa propre réflexion et être autonome) ;
• En développant l’imaginaire et un rapport créatif à la vie et à la relation.

un enjeu pour l’Éducation nationale

“Porteur de valeurs, le cirque peut contribuer à la construction des individus, au développement de leur autonomie. Par son histoire, sa grande diversité, ses relations avec les autres arts, il enrichit les enseignements disciplinaires et favorise l’ouverture culturelle des élèves. Sa découverte et, plus encore, sa pratique doivent donc se nourrir de la rencontre avec les artistes et lesoeuvres. Il est ainsi indispensable que les interventions auprès des publics scolaires associent des artistes aussi souvent que cela sera possible, et que les élèves puissent assister à des spectacles programmés par les écoles de cirque ou par des structures culturelles partenaires. De la sorte, les activités circassiennes contribueront pleinement à l’éducation artistique et culturelle des élèves des écoles, collèges et lycées accompagnés par les intervenants diplômés de la Fédération Française des Écoles de Cirque.”

Patrick LAUDET – Ministère de l’Éducation nationale – Inspecteur général de Lettres chargé du Théâtre, du cinéma et du cirque

Le cahier des charges « cirque en milieu scolaire »

Le cirque est aujourd’hui au coeur de nombreux enseignements ou projets, et concerne des élèves de tous niveaux. Il constitue en effet un outil pédagogique privilégié, lequel méritait d’être cadré au niveau national, afin de favoriser le développement d’actions d’éducation artistique de qualité dans un cadre sécurisé. Le cahier des charges « activités circassiennes à l’école, au collège et au lycée », énonce des préconisations d’intervention en milieu scolaire en étroite cohérence avec l’agrément fédéral. Celui-ci garantit aux partenaires issus des établissements scolaires, des conditions de sécurité et de santé optimales, une qualité du projet pédagogique et des lieux de pratique, ainsi que les compétences pédagogiques, artistiques et techniques des intervenants.

Co-élaboré et cosigné par le ministère de l’Éducation nationale et la Fédération Française des Écoles de Cirque, ce document se fixe deux objectifs essentiels :

  • Harmoniser, autant que possible, les règles locales et départementales en matière de mise en place d’action culturelle et artistique « cirque » en milieu scolaire : qui peuvent être les intervenants extérieurs, d’où viennent-ils, quelles sont les contraintes de formation pour intervenir avec des élèves ?
  • Se positionner comme un guide au service des professeurs ou des responsables d’établissements scolaires.

Les trois premiers chapitres définissent les principaux enjeux pédagogiques, éducatifs et artistiques ainsi qu’en matière de santé et sécurité des élèves.
Le quatrième chapitre décrit quant à lui, de manière sommaire, les modalités de partenariat, de conventionnement et de pilotage des actions cirque à l’école, que ce soit au niveau national ou au niveau local.

L'agrément fédéral

La FFEC délivre un agrément fédéral aux écoles souhaitant valider et justifier, auprès de leurs partenaires, d’une démarche qualité.
L’agrément est devenu incontournable pour les écoles travaillant en partenariat avec l’Éducation nationale.
Les écoles agréées par la FFEC s’engagent à respecter un cahier des charges précis répondant à cinq familles de critères : formation des encadrants ; sécurité des pratiquants, des locaux et du matériel ; santé des pratiquants ; pédagogie ; respect du droit social. Une école sollicitant l’agrément est systématiquement et périodiquement auditée. Plus qu’un instrument de sanction, l’agrément souhaite placer les écoles dans une démarche de progrès et « d’engagements ». Les deux agréments délivrés par la FFEC (agrément pratique amateur et agrément centre de formation) sont reconnus par le ministère en charge de la Culture et de la Communication*, le ministère de la Jeunesse et des Sports* et le ministère de l’Éducation nationale**.
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* accord-cadre du 9 mars 1999 entre le ministère de la Culture et de la Communication, le ministère de la Jeunesse et des Sports et la Fédération Française des Écoles de Cirque
** convention cadre du 21 juillet 2010 et cahier des charges activités circassiennes à l’école, au collège et au lycée, septembre 2012

Cirque au lycée

L’enseignement des arts du cirque est dispensé en seconde générale et technologique en matière optionnelle; puis en spécialité pour les voies de première et terminale générales.

L’enseignement des arts du cirque propose une approche sensible et poétique du monde ainsi qu’une expérience spécifique par la pratique régulière des disciplines circassiennes et  par une double relation à autrui, partenaire et public, dans un contexte de représentation. En cela, il contribue à une formation riche et singulière, personnelle et civique. L’élève précise en effet des choix affirmés et argumentés ; il conforte son adhésion à des valeurs essentielles : la liberté, la solidarité, la fraternité, la tolérance, le respect de l’autre autant que de soi-même.

La place du corps y est centrale, dans ses relations à l’espace, au mouvement, aux intentions et aux émotions. Dans sa diversité, l’expérience du cirque développe des qualités fondamentales chez les élèves (patience, rigueur, sensibilité, persévérance). Cet enseignement permet l’épanouissement d’une identité singulière et de la confiance en soi et en l’autre. Il contribue à la formation d’un élève ouvert au monde et à ses cultures.

Comme dans tout enseignement artistique, pratique et théorie s’entremêlent. Le cirque, par essence, s’inscrit au croisement des arts. Il est par son histoire, son répertoire, ses formes, et ses esthétiques, comme par ses dimensions économique, sociale ou politique, un objet autant qu’un vecteur de connaissances. Il invite à l’interdisciplinarité. À partir des aptitudes qu’elles mobilisent, les quatre grandes familles de disciplines (pratiques acrobatiques,
manipulations d’objets, jeu comique et dressage) sont autant de langages pour penser, créer et communiquer.

Les différents partenariats mis en œuvre sont essentiels à cet enseignement artistique. Ils facilitent la rencontre des artistes, des œuvres, des esthétiques, et la fréquentation des lieux de production et de diffusion. Ils sont un terrain de découverte des univers et des métiers du spectacle, d’autant plus riches et ouverts que leur visée n’est pas professionnalisante.

Le programme de l’enseignement optionnel d’arts en seconde générale et technologique et le programme de l’enseignement de spécialité d’arts en première générale sont définis par arrêtés du 17-1-2019 publiés au BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019.

Le programme de l’enseignement de spécialité d’arts en terminale générale est défini par arrêté du 19-7-2019 publié au BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019.

Télécharger les programmes :

Option – seconde générale et technologique : 6H

Spécialité – première générale : 4H

Spécialité – terminale générale : 6H

LES ENJEUX PÉDAGOGIQUES

L’Éducation nationale place l’éducation artistique au coeur du socle commun (ce que tout élève doit savoir et maîtriser à la fin de la scolarité obligatoire).
Celle-ci éveille la curiosité et la sensibilité des élèves, contribue au développement de leur autonomie et de leur créativité. La pratique ou la découverte du cirque contribuent à l’approfondissement des compétences 5 (la culture humaniste), 6 (compétences sociales et civiques) et 7 (l’autonomie et l’initiative) du socle commun adopté en 2005 au sein de l’Éducation nationale. À la croisée de multiples arts (danse, arts de la parole, théâtre, musique), le cirque facilite les démarches interdisciplinaires. Il trouve sa place dans de nombreux enseignements disciplinaires (éducation physique, français, histoire géographie, enseignements artistiques, matières scientifiques…) ou transversaux (accompagnement éducatif, dispositifs spécifiques).

OBJECTIFS ÉDUCATIFS ET ARTISTIQUES

Même si le cirque met le corps en jeu, il ne saurait être limité à la seule activité physique. Il est donc indispensable que les projets développés intègrent les dimensions éducatives, culturelles et artistiques du cirque. Favorisant l’ouverture culturelle des enfants (découverte des techniques, initiation à l’histoire du cirque, confrontation à des esthétiques…), les projets doivent aussi sensibiliser les élèves, leur permettre de découvrir de nouvelles sensations ou repères ou encore explorer des formes d’expressions variées.
Porteur de valeurs liées à l’effort, au respect de l’autre, à la solidarité, le cirque permet de travailler avec les élèves des dimensions éducatives fondamentales telles que la maîtrise des appréhensions, la relation à l’échec répété, l’apprentissage de la sécurité, etc.
Enfin, un apprentissage bien mené permet de travailler la psychomotricité, le rapport à l’espace, les capacités corporelles de l’enfant.

SANTÉ ET SÉCURITÉ

Une des spécificités du cirque est que, lors d’un travail pratique, la prouesse physique et la sécurité ne peuvent jamais être oubliées. Il est donc essentiel de confier ce travail à un enseignant ou intervenant conscient des exigences et des limites du corps en mouvement, particulièrement pour les enfants.
Cette exigence de sécurité et de santé doit être au coeur des préoccupations de ceux qui envisagent de faire pratiquer les arts du cirque aux élèves qui leurs sont confiés. Le partenariat entre la Fédération Française des Écoles de Cirque et le ministère en charge de l’Éducation nationale garantit la mise en oeuvre d’activités adaptées à l’âge des enfants et à leur développement moteur, des conditions de sécurité et de santé optimales, des lieux de pratique adaptés et la compétence des intervenants.

PARTENARIAT, CONVENTIONNEMENT ET PILOTAGE

Les actions entreprises dans le cadre du partenariat entre le ministère de l’Éducation nationale et la Fédération Française des Écoles de Cirque prendront en compte les exigences techniques, éducatives, culturelles, artistiques, de santé et de sécurité évoquées précédemment. Elles seront la garantie de la qualité de la démarche, dont les différentes étapes devront être formalisées. L’ensemble de l’action s’intégrera au projet d’école ou d’établissement et fera l’objet d’une négociation entre les partenaires, préalable à la signature d’une convention à laquelle un budget sera annexé. Ces actions sur le thème du cirque feront l’objet d’une évaluation, et éventuellement d’un temps de valorisation.
Dans la cadre du pilotage académique, les actions doivent être élaborées en lien avec les corps d’inspection et les délégués à l’éducation artistique et à l’action culturelle sous l’autorité du recteur.

Quelle formation pour intervenir en milieu scolaire ?

Le cahier des charges « activités du cirque à l’école, au collège et au lycée » pose le principe d’une formation minimum des intervenants extérieurs.
Si le BPJEPS semble la formation la plus adaptée aux enjeux d’intervention et d’animation d’ateliers en milieu scolaire, disposer du BIAC (Brevet d’Initiation aux Arts du Cirque), du BISAC (Brevet d’Initiateur Spécialisé en Arts du Cirque) ou du TIAC (Titre d’Initiateur aux Arts du Cirque) et être titulaire d’une carte fédérale d’exercice devient aujourd’hui la porte d’accès minimum pour prétendre intervenir à l’école.
Dès sa création en 1988, la FFEC a considéré l’enjeu de la formation des intervenants cirque comme une priorité. Qu’il s’agisse de formation initiale ou de formation continue, il est du devoir de toute structure pratiquant une activité d’enseignement ou de découverte des arts du cirque de mettre en place un projet pédagogique s’appuyant sur du personnel formé et compétent. Et il est de la responsabilité de la FFEC de donner aux écoles les outils rendant possible cet engagement. La FFEC impose désormais aux écoles agréées disposant de plus de 3 intervenants de compter dans leurs effectifs au moins un titulaire du « BPJEPS activités du cirque », brevet d’Etat délivré après une formation par alternance. Plusieurs centres de formation agréés par la FFEC dispensent cette formation.

“Quand les élèves se réunissent autour de la pratique des équilibres, du monocycle, du fil tendu, des fûts ou des boules, ça ne traîne pas, la dynamique est vite lancée ! Aujourd’hui reconnus à leur juste titre, les arts du cirque ont grandi en toute liberté au sein des Associations sportives et de l’UNSS. Cette activité apporte une nouvelle dimension à l’activité artistique telle qu’on la conçoit aujourd’hui. La pratique réclame du travail et de la rigueur mais, en même temps, elle bénéficie d’une présentation ludique avec des codes basés sur l’émotion, le plaisir et le partage. Alors que les élèves ont de plus en plus de mal à sortir de leurs rôles, les arts du cirque possèdent une ouverture émotionnelle. On reçoit très vite en échange !”
Françoise Barthélemy
directrice nationale adjointe en charge des arts du cirque à l'UNSS

Le cirque pratiqué en EPS

L’UNSS (Union National du Sport Scolaire) a créé en 2006 le Festival National Scolaire des Arts du cirque qui se déroule tous les 2 ans à Surgères en Charente Maritime.

L’objectif du Festival est d’ouvrir les pratiques artistiques et sportives quotidiennes sur des expériences extérieures, d’échanger dans la diversité ses techniques, ses outils et ses savoirs faire artistiques, d’enrichir les acquis des participants par de nouvelles compétences, de créer des liens forts entre les élèves, les enseignants et les établissements scolaires dans la complémentarité.
L’UNSS a répertorié en 2011 près de 15 000 pratiquants « Arts du cirque » au sein des Associations Sportives des Collèges et Lycées.

La Fédération Française des Écoles de Cirque fait partie de la Commission Mixte Nationale des Arts du cirque de l’UNSS.